Atelier d'écriture
"Le plaisir des mots"
28 mars 2023
Cet atelier d'écriture est proposé par Suzanne. Elle réunit autour d'elle des tourneseliens et tourneseliennes qui aiment jouer avec les mots tout simplement ou/et qui prennent plaisir à écrire des petits textes et à échanger leurs petites créations. Soit un peu fantaisistes, humoristiques, émouvantes, combatives, poétiques....
Voici quelques textes de ce jour :
le thème était : lettre à une femme (ou à plusieurs femmes)
Lettre à Etty Hillesum *
A toi Etty
Par le pouvoir de la parole et des mots, s'ouvre à moi la possibilité de témoigner combien tu as touché le coeur d'un homme. "Une vie bouleversée" c'est le titre du livre qui m'a fait de rencontrer et il a bouleversé ma vie.
Ce n'est pas tant que tu sois femme que te fait grande à mes yeux, ce que tu hisses transcende les genres. Dans la tourmente de la dernière guerre, alors que tu sais quel est ton destin dans ce camps de la mort, tu oses dire la profonde paix qui t'habite ! La peur a desserré ses griffes, il existe au au-delà de la souffrance et ce n'est pas le vain espoir d'un paradis à conquérir ! Je ne sais rien de toi, ou si peu, mais par tes mots je me sais ton ami de toute éternité. C'est aussi confus que concret dans mes fibres de vivant et tu dis tous les mercis.
Jean Marie
* Etty Hillesum : Une vie bouleversée Journal 1941-1943 Seuil
lettre à Alexandra David-Néel*
Chère Madame,
A travers les âges de ma vie, mes lectures m'ont souvent portée
vers les explorateurs et aventuriers avec une admiration sans bornes
pour les explorateurs de l'extrême comme ceux qui, aujourd'hui
au XXIème siècle, parcourent les territoires les plus hostiles pour se confronter
à leurs limites et les dépasser, recentrés sur l'essentiel pour survivre par le dépassement de soi !
C'est à vous je crois que je dois cette fascination. J'ai toujours pensé - et dit -
que, si j'avais été un homme, j'aurais été " explorateur de l'impossible" !
J'avais l'excuse d'être une femme...
Je veux par cette lettre vous dire toute mon admiration, à vous qui l'avez été en étant femme,
Vous qui avez visé l'inaccessible........ Et l'avez atteint !!!
Florence
* Exploratrice 1868-1969 entrée à Lhassa en 1924
Lettre à Gisèle Halimi, à Simone de Beauvoir, à Antoinette Fouque, et toutes les créatrices du MLF
Gisèle, Simone, Antoinette et toutes les fondatrices du MLF,
D'abord un grand merci pour toutes vos luttes, pour toutes vos revendications. Née une génération après vous, j'ai bénéficié, sans aucun doute, des avancées, des droits que vous avez obtenus en vous battant, en vous imposant. J'ai profité du changement des mentalités, du regard nouveau que les femmes ont porté sur elles-mêmes et celui que les hommes ont porté sur nous. J'ai grandi dans la normalité et l'égalité femmes-hommes. J'ai toujours su faire valoir mes droits, garder mon nom, peut-être, en pensant à vous dans un coin de ma tête. Pour moi et pour beaucoup d'autres femmes, c'était acquis. Basta !
Et Bien non ! La lutte n'est pas terminée ! Si vous reveniez ...
Il y a encore beaucoup à faire ! Le droit à l'avortement contesté et nié dans de nombreux pays. Des femmes meurent encore aujourd'hui sous les coups et les dictatures, l'Iran, l'Afghanistan...
"#metoo", "#balancetonporc" ont dû être créés pour dénoncer les agressions sexuelles. Et nous reprenons encore 'l'hymne des femmes" comme il y a 50 ans.... Il nous donne de la force.
Merci, merci encore, je pense à vous !
Christine
Lettre à George Sand
Qui aime bien, châtie bien...
Bon, et bien bonjour Aurore,
Oui, je vous dis Aurore et non George.
Bien sûr, votre époque fait que pour être éditée, voire reconnue, il valait mieux un prénom masculin.
Je vous reconnais, d'ailleurs, une belle façon de décrire le monde paysan qui vit autour de vous. Mais vous édulcorez le langage de ces paysans. En effet, le parler berrichon, le patois est gommé.
En fait, tout est trop beau pour être vrai. Le monde paysan est-il si beau que ça ?
Ne m'en veuillez pas, si j'ose dire qu'avec Victor Hugo, vous êtes la première à faire naître la "gauche caviar". En effet, vous avez, entre autres, condamné la Commune et vous faites bien le distingo entre vos relations, d'un côté, les plus grands artistes de votre temps et de l'autre, votre bienveillance envers vos employés.
Mais, comme je suis admiratif devant la musique de Chopin, je reconnais que je vous apprécie car vous l'avez aimé, lui et sa musique.
Je n'ai pas lu ni vu vos pièces de théâtre qui à votre époque ont eu peu de succès.... Je ne puis me prononcer.
Néanmoins, vous restez une de mes autrices favorites, de plus vous êtes une féministe !
Je me demande quelle femme seriez-vous aujourd'hui !
Sans doute, une bourgeoise, écrivant des livres, certes avec du style, votre style, mais avec un contenu qui privilégierait la littérature au vécu !
Aurore, veuillez....
Frédéric
ET TOUT FINI PAR UN GOUTER !